Rendre des comptes !

Désormais, un compte-rendu complet et détaillé est joint à chacune de nos réparations.

Exemple de Compte-rendu d'intervention réparation carte-mère

Même s'il s'est passé peu de choses de l'extérieur, il y a pas mal de choses qui ont changé chez 6337 (d'ailleurs, peut-être même que le nom changera bientôt ?).
Depuis plusieurs mois, nous joignons à chaque facture, que l'ordinateur soit réparé ou non, un compte-rendu de réparation.

Un compte-rendu de réparation, comme un carnet d'entretien

Nous recevons régulièrement des Mac qui sont passés au préalable par d'autres ateliers de réparations. Vous (nos clients) nous joignez souvent le devis, ou le "compte-rendu d'intervention" qui va avec. Il est bien trop souvent lacunaire... et ça ne nous aide pas beaucoup.

Ça nous a fait penser au garage automobile. Généralement, quand on y amène sa voiture, on n'oublie pas le carnet d'entretien du véhicule. Et il est plutôt de bon ton que le garagiste y consigne ses interventions.

C'est cette logique-là qui nous a motivés à la publication de ces comptes-rendus : vous rendre libres de reprendre la main, de nous la redonner un jour, ou de la passer à quelqu'un d'autre.

Ça ressemble à quoi ?

Voici un exemple de compte-rendu un peu long. Ils ne sont pas tous comme ça, parfois la panne est plus évidente (néanmoins, ce n'est pas parce que la panne est évidente que la réparation est rapide, croyez-nous ...). Parfois, il faut un long diagnostic, et donc un long compte-rendu, pour arriver à remplacer... un résistance de 1mm de long, parmi les milliers qui peuplent une carte-mère, pour libérer un Mac d'une panne invalidante. C'est aussi ça notre quotidien, dont vous avez à présent un aperçu sur ce bout de papier... enfin de fichier PDF.

Un compte rendu exemple pour une réparation carte-mère.

Pour être utiles, nos comptes-rendus sont très complets, détaillés, techniques. Ils expliquent exactement ce qui a été fait : quel composant a été changé, quelle zone a été touchée par de l'oxydation, parfois même quelles mesures de courant ou de tension ont été prises. On y inclut parfois notre cheminement logique, nos suppositions ou nos réflexions sur le probléme posé.

Par exemple, si le multimètre USB-C affiche 20V et 0A, ça implique un probable court-circuit. Ça vient souvent de la piste PPBUS_G3H, c'est elle qu'on va mesurer dans la foulée, soit en tension, soit en mode diode, et ça pourra confirmer un court-circuit général. Si la mesure est normale, on notera que le court-circuit doit être ailleurs. Sur PP3V3_G3H peut-être ?

Sur cet autre ordinateur, on vous dira que R5110 à été changée ou que C9560 était en court-circuit, ou cramée, qu'il nous a fallu la remplacer...

Ce n'est pas de la poésie, mais presque... (non ?)

Depuis toujours, écrire nous aide à poser la réflexion qui mène vers la solution. Nous prenions donc des notes au fur et à mesure, sur chaque réparation faite. Le pourquoi, le comment, et tout ce qui pourrait nous servir si jamais vous deviez un jour nous renvoyer votre ordinateur. Nous avons juste décidé de vous les envoyer.

La nomenclature

Les noms sont obscurs parce que les pistes dont on mesure la tension, ou la résistance, sont très (très) nombreuses, idem pour les composants. En général, pour les composants, ces noms comportent cinq caractères. Sur les derniers MacBook Pro, Apple à fini par utiliser une combinaison de deux lettres et trois chiffres, car le une lettre et quatre chiffres ne suffisait (peut-être) plus. J'ai même vu un composant avec une combinaison de trois lettres et deux chiffres. De 260 000 combinaisons, nous sommes donc passés à 1 757 600 combinaisons. Ça donne le tournis ! On croise donc des C3460, mais aussi des CD340, et tout récemment j'ai pu voir CC8D1.


C3PO est à la recherche d'une résistance... (double sens, vous l'avez ?)

Il y a une logique :

  • Les pistes : une piste porte un nom sans espace ni caractères spéciaux. On y trouve souvent un P ou PP, si c'est pour de l'alimentation, suivi de sa tension nominale, 3V3 pour 3,3V par exemple. Puis vient son nom, qui est un abrégé de ce à quoi elle sert. PP3V3_S5 est une piste d'alim de 3,3V pour l'état S5 (soit la veille profonde) de l'ordinateur. Si on y mesure 1.5V lorsque l'ordinateur en veille ou allumé, il y a un problème...
  • Les condensateurs : un condensateur, c'est CXXXX, le "X" représentant des numéros.
  • Les résistances : elles s'appelleront de la même manière RXXXX.
  • Les circuits intégrés: Ils sont nommés UXXXX. Ce sont des puces avec plusieurs entrées et sorties (parfois, vraiment beaucoup), et des fonctions bien précises. Parfois, on les appellent aussi par leur nom donné par le fabricant plutôt que UXXXX, s'ils sont célèbrent (comme la puce de charge de Texas Instruments ISL6259 ou ISL9239). Ces puces sont parfois au format BGA, pour Ball Grid Array. Elles sont soudés par le dessous, par une constellation de billes en alliage d'étain.

Les actions : reflow, remplacement, jumper wire

Voici ce que nous sommes (très) souvent amenés à faire :

  • Reflow : rechauffage des soudure pour les refaire (sans changement de composant). Les reflows utiles pour enlever l'oxydation.
  • Remplacement : changement d'un composant par un neuf, ou d'occasion venant d'une carte donneuse. Il s'agit de désouder le composant. La technique utilisée dépendant du composant.
  • Jumper Wire : ajout d'un fil suite à une piste coupée (car trop oxydée, par exemple).
  • Rebillage : On parlait de BGA et de billes de soudure plus haut. Le rebillage consiste à désouder une puce, refaire les billes de soudure sur le dessous (on utilise un pochoir pour appliquer une pâte d'étain, une fois chauffée, elle fond pour reformer une bille) avant de resouder le composant rebillé sur la carte-mère. Cela permet, si une oxydation entre différentes billes à eu lieu, de reprendre ces soudures.

L'information rend libre

La transparence est un sujet important pour nous, pas seulement pour instaurer de la confiance, mais aussi pour vous redonner du pouvoir. Savoir ce qui a été fait sur (et dans) votre ordinateur est important : c'est ce qui vous permet d'affirmer qu'il vous appartient. Selon nous, si vous ne savez pas comment marche votre machine, comment elle a été réparée ou pourquoi, vous ne la "possédez" pas vraiment : vous n'en êtes pas maître(sse). On veut donc aussi, au travers de nos compte-rendus, faire passer un message un peu activiste, qui serait "Demandez-nous des comptes ! Ce savoir, c'est aussi votre liberté."

Libre de partir voir ailleurs

Avoir le choix de son réparateur est une liberté. Quand seul Apple possède la pièce de rechange, et qu'ils décident donc du devis et du prix, vous vous sentez libre ? Non, et c'est normal. Vous devez avoir le choix de dire non, avoir le choix d'aller voir ailleurs, avoir le choix du moins cher (et peut-être moins bien fait ou à finir soi-même) ou du très cher (un peu luxueux avec un café et un biscuit offert).
Votre choix, c'est votre liberté. Et nous tentons de vous laisser le choix futur, en vous donnant toutes les clés pour qu'un autre puisse travailler dans les meilleures conditions, lui aussi.

La réparation de carte-mère est un monde assez particulier: le partage et l'entraide entre réparateurs est la règlen un peu comme un code de conduite implicite (ce sera peut-être le sujet d'un futur article pour vous en expliquer les détails). En éditant et fournissant un compte-rendu détaillé, on aide aussi notre futur confrère.

Libre de vous y mettre

Je ne me suis pas mis à la réparation dès la sortie de mes études. Ce métier, c'est une reconversion. Qui sait si cela ne sera pas aussi la vôtre ? Dans le monde de demain, il nous faut plus, bien plus de réparateurs(ices) ! Bien plus de monde à remettre les mains dans le cambouis.

On reçoit parfois, en retour de ces compte-rendus, des questions ou des demandes de précisions. Peut-être que cela vient de personnes qui s'y connaissent, ou veulent s'y mettre. Alors pour ceux-là, voici un peu de lexique et d'explications...

L'information nous rend meilleurs

D'abord nous

Cet engagement à vous donner toutes les informations, c'est une contrainte que l'on s'impose à nous-mêmes, et qui nous invite à faire les choses bien, nécessairement. Cela nous oblige à prendre des notes, correctes et claires, à chaque fois, sur chaque intervention. Et c'est, finalement, une méthode de travail qui nous rend plus efficaces.

Mais aussi, un peu (on l'espère), vous

Vous donner tout notre cheminement, c'est aussi vous exposer nos doutes, nos soucis, les mesures effectuées, le temps passé. Dans les cas où les Macs ne sont (vraiment) pas réparables, c'est un vrai gage de confiance et comme une main tendue. Notre métier est parfois ingrat : nous ne réparons pas que les machines les plus faciles, loin de là. Il n'est pas rare que nous passions des heures, des jours parfois quand le cas nous énerve vraiment (ou qu'on se dit "Non mais là, je suis sûr que c'est cette puce qui déconne !" pour la 8ème fois...) sur un ordinateur dont nous ne facturerons au final pas la réparation car toutes nos tentatives auront échoué.

C'est même parfois pour cela que nos délais de réparations se rallongent : on passe plus de temps qu'on devrait sur des cas désespérés (forcément, quand on s'est mis en tête de "réparer l'irréparable"... ).

Et après ? Toujours plus d'ouverture !

Aujourd'hui, nous avons le sentiment que nous venons d'ouvrir une brèche avec cette histoire de comptes-rendus, mais aussi avec cet article. Et cette brèche, nous souhaitons l'agrandir. Comment ?

Sur notre todo list, on trouve :

  • Prendre des photos des dégâts, et des réparations, et les joindre, de façon automatisée au compte-rendus. Si on trouve une solution qui ne prends pas trop de temps (ajout automatique de pièces-jointes) on le fera !
  • Plus communiquer sur les réseaux sociaux
  • Faire des ateliers ouverts
  • Participer au repair-café locaux

Vous avez d'autres idées ? Ces comptes-rendus ne sont qu'un début !